Né le 21 janvier 1897 à Sallèles d’Aude, d’un père pharmacien et d’une mère originaire d’Ouveillan, René Iché poursuit ses études comme pensionnaire au Lycée de Carcassonne et se lie d’amitié avec Joë Bousquet qui deviendra poète et l’un des fondateurs du surréalisme. Dès l’âge de 12 ans Iché exécute des portraits et des paysages et remporte un premier prix de dessin. En 1914 il suit des cours à l’Ecole des Beaux-Arts de Montpellier. En mars 1915 Iché change sa date de naissance et s’engage dans le 1errégiment de hussard. Il passe rapidement au 81e RI puis au 60e RI, le régiment du « carré des as ». Blessé à plusieurs reprises et gazé très sérieusement en 1918, il sera décoré de la médaille militaire, de la croix de guerre et de la légion d’honneur. Pendant la guerre Iché songe à une carrière médicale ou artistique, mais quand il est démobilisé en 1919, il s’installe à Paris et poursuit des études de droit et de sciences politiques. En 1921, il écrit une pièce de théâtre contre la guerre. A la fin de ses études il entre au Sous Secrétariat de la Marine Marchande. Quelques mois plus tard, à l’occasion d’une visite de l’atelier de Bourdelle, il se découvre une passion pour la sculpture et quitte l’administration; Il sera sculpteur. Chez Bourdelle, ou il s’est enrolé comme élève, Iché fait la connaissance de l’architecte Auguste Perret qui l’enverra sur les grands chantiers de restauration de Reims ou de Chantilly. Il suit les cours d’esthétique de Focillon et dès 1923, grâce au soutien de Maillol et de Bourdelle, expose au salon des Indépendants. Forfaiture, œuvre pacifiste, est censurée par la police le jour du vernissage. De même en 1925, un projet pour le monument aux morts de Canet d’Aude est jugé trop pacifiste et sera refusé.
Il suit l’enseignement de Jeanne Poupelet. En 1926, Il rencontre Rosa Achard qui travaille pour Jean Poiret. Elle devient son modèle. Ils se marient en 1928. En 1926-1927, Iché participe au salon de la Douce France, qui regroupe des artistes recommandant le retour à la taille directe. Pourtant Iché très vite y expose des bronzes. Il réalise sa première commande publique, le Monument aux morts d’Ouveillan inauguré par Léon Blum et les frères Sarraut. L’œuvre est jugée très pacifiste. Iché n’a fait cette fois qu’une seule concession: Le monument montre bien des soldats, mais nul ne peut distinguer leur nationalité. Il délaisse la taille directe et réalise des oeuvres cubistes; Le père et le fils est acquise par un conservateur de Chicago.
Iché est très proche des surréalistes et exécute les masques de Paul Eluard et André Breton. En 1930 sa rencontre avec Zborowski, le marchand de Modigliani, Soutine et Derain, l’amène vers un naturalisme de portée symbolique. En 1931, après sa première exposition personnelle chez Zborowski il vend Nu au musée national d’art moderne, et Portrait de Mme I au musée Boymans de Rotterdam. En 1932 Zborowski décède. De 1931 à 1934, Iché séjourne en Provence où il réalise le Tombeau du poète Charloun Rieu. A son retour à Paris, une grande exposition à la Galerie du Portique, lui vaut les faveurs de la critique. L’Etat acquiert le Portrait de Laurence et La Contrefleur aujourd’hui au musée des Beaux Arts de Villeneuve sur Lot.
En 1934 Iché réalise avec Chagall un numéro spécial de la revue Esprit sur l’esthétique. En 1935, très affecté par les décès successifs de son père et de sa mère, et sous l’influence de Max Jacob et Emmanuel Mounier il entre dans une période mystique. En 1936, il participe au Front Populaire au côté d’Aragon et travaille pour trois pavillons de l’Exposition Universelle. En 1938, déçu par l’échec du Front Populaire et révolté par Munich il devient dépressif et rejoint son ami Joe Bousquet qui dans le midi souffre du même mal. Cette association donnera « Le mal d’enfance« , illustré par Iché et dédié à Paul Eluard.
En 1939 avec Hélène six ans, Iché participe à l’Exposition Universelle de New York. Une exposition itinérante de sculpteurs français voyagera ensuite aux Etats-Unis, mais Hélène six ans restera en Amérique à cause de la guerre. En septembre 1939, Iché travaille à Carcassonne au projet de Monument à André Chénier. Mobilisé et bien que souffrant des séquelles de ses blessures, il rejoint la région de Paris. Dès la défaite, il entre dans la résistance et le 1er septembre 1940 devient agent des F.F.C au réseau du Musée de l’Homme. Avec Raymond Burgard, son vieux camarade du 60e R.I, il participe à la création du groupe de résistance Valmy. Il crée et diffuse l’édition parisienne des Petites Ailes. Certains allemands admirent l’oeuvre d’Iché, mais il refuse habilement leurs appels à la collaboration et cache chez lui des juifs et des résistants. Sa fille Laurence épouse le poète surréaliste Robert Rius, qui sera avec Iché parmi les créateurs de La main à plume, la revue surréaliste résistante. Iché accepte quelques commandes publiques notamment passées par des maires favorables à la résistance: Paul Cabanis de Beaune-la-Rolande et Kérautret de Vanves. Il sculpte une Jeanne d’Arc pour l’église de Boulogne. Cette héroine est aussi le symbole du groupe Valmy. En juillet 1942, après la chute dramatique du réseau Hauet-Vildé, il rentre comme agent P1 au réseau Cohors-Asturies. En 1942 il fait aussi parvenir à Londres au Général de Gaulle sa sculpture La France Déchirée qui symbolise la résistance. Cette fonte est aujourd’hui conservée à La Boisserie.Grace à des fonds qui lui sont envoyés de Londres Iché loue, à Paris rue du Cherche-Midi, plusieurs appartements où il cache des résistants et des aviateurs. Son atelier depuis 1936, au 55 de la même rue, sert de boîte aux letters aux FFL. Il cache des armes dans les moules de ses sculptures et détient les dossiers de l’Affaire Dreyfus, confiés par l’avocate Andrée Dunant. Il abrite les réunions du Groupe Cohors mené par Jean Cavaillès. Elles continueront après l’arrestation de Cavaillès. Dans les messages de Londres son pseudonyme est « Alban ». Il participe à la préparation de l’opération Tortue devant faciliter le débarquement de Normandie et propose de rejoindre le maquis FFI de Thouais dans les Deux-Sèvres. Le 21 juillet 1944, son gendre Robert Rius, après trois semaines de torture et sans avoir parlé est exécuté par la Gestapo en Forêt de Fontainebleau.
A la Libération, Iché reçoit la médaille de la résistance et siège au comité d’épuration des artistes où il préside la section sculpture mais démissionne pour marquer son désaccord avec la condamnation de Charles Despiau. Le MOMA de New York fait l’acquisition d’Hélène 6 ans restée aux Etats-Unis. Le journal l’Equipe achète Les Lutteurs. En 1947, la Monnaie de Paris acquiert les médailles de Max Jacob et Louise Hervieu. En 1947-48 Jean Cassou organise une exposition itinérante de sculpteurs contemporains en Allemagne, Autriche et Tchécoslovaquie. Les oeuvres de Giacometti, Lipchitz, Richier et Iché y remportent un énorme succès.
En 1948, Iché est invité par la France à la Biennale de Venise en compagnie de Richier, Laurens, Chagall et Braque. Il réalise plusieurs monuments à la résistance et produit plusieurs hommages à Jean Cavaillès et à sa vieille amie Emilie Tillon, mère de Germaine Tillon. Le musée national d’art moderne et le musée Fabre de Montpellier achètent chacun une épreuve de Jacob et l’Ange, allégorie de « et ils luttèrent jusqu’à l’aurore”, la phrase de l’Ancien Testatment. En 1949, Iché lance le Premier Manifeste des Sculpteurs et fonde le Syndicat National de la profession. Il agit pour la sécurité sociale et la retraite des artistes, participe à la fondation de l’ADAGP et milite en faveur de la paix. Plusieurs rétrospectives saluent son oeuvre en Province et à Paris. Très malade, il confie l’exécution de ses maquettes à ses élèves Chalvignac et Guillaume. Il voyage en Espagne, en Autriche et en Pologne. En 1953 La galerie Berheim-Jeune lui organise une grande rétrospective et il reçoit le Grand prix National des Arts pour Melpomène 36.
En 1954 il reçoit la commande du Monument aux Déportés d’Auschwitz, mais à son retour de Pologne il décède brusquement à Paris le 23 décembre 1954.
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